Le Monde du 28/02/09 parle des migrants en route vers la Grande-Bretagne ou d'autres pays nordiques (depuis la fermeture du camp de réfugiés de Sangatte, juste à côté de Calais,camp fermé en novembre 2002 par les soins de Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l'intérieur):

Depuis la fermeture de Sangatte, de plus en plus de mineurs étrangers isolés errent dans les rues de Paris





Ce jeudi 26 février, ils sont plus d'une centaine agglutinés sur le trottoir devant le magasin Picard de la place du Colonel- Fabien, à Paris. C'est là que chaque soir, à 20 h 30, se retrouvent bon nombre des Afghans et Irakiens qui errent dans la capitale depuis la fermeture du centre de Sangatte.

Ils attendent le bus Atlas de la RATP qui les emmènera pour la nuit dans un centre d'hébergement d'urgence. Parmi eux, de nombreux mineurs, parfois très jeunes, 12 ou 13 ans. Des mineurs que France Terre d'asile, à la lumière du réverbère, tente chaque soir de repérer pour leur proposer une mise à l'abri.

Ce jeudi, l'équipe de maraude de l'association, accompagnée du ministre de l'immigration, Eric Besson, venu à la rencontre de ces mineurs étrangers isolés, repartira avec une vingtaine d'entre eux vers la Maison du partage, gérée par l'Armée du Salut dans le 19e arrondissement.

ARRIVÉE D'AFGHANS

Là, leur sont proposés un repas chaud, la possibilité de prendre une douche et de laver leurs vêtements. Avant que la pièce ne soit transformée en dortoir avec des matelas posés à même le sol, les travailleurs sociaux de France Terre d'asile engagent une première prise de contact avec les nouveaux arrivants en leur expliquant que, le lendemain, ils pourront rejoindre une plateforme d'accueil de jour dans le 18e arrondissement.

Pour ceux qui s'y rendront, commencera alors un travail de sortie de l'errance et de stabilisation. "C'est un long travail de persuasion, témoigne Marie Weinling, responsable adjointe de la mission accueil de France Terre d'asile. Car si certains sont prêts à rester en France, beaucoup veulent poursuivre leur route vers la Grande-Bretagne ou, de plus en plus, les pays scandinaves. Il faut un certain temps de mise en confiance pour les apprivoiser. C'est une gageure et un défi quotidien."

A ceux qui sont décidés à s'arrêter à Paris, on propose, après évaluation de leur situation sociale, éducative, médicale et juridique, et dans la mesure des places disponibles, une stabilisation dans un hôtel. Le temps d'être pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE) qui cherchera un foyer ou une famille d'accueil. Ils pourront alors débuter un parcours éducatif.

En 2008, sur 686 jeunes accueillis sur sa plateforme du 18e, France Terre d'asile a pu en mettre 475 à l'abri dont 53 ont été ensuite pris en charge par l'ASE. Créé en 2003, ce dispositif parisien de repérage et de premier accueil des mineurs étrangers isolés est soutenu financièrement par l'Etat à hauteur de 2,7 millions d'euros. Mais, aujourd'hui, il est menacé d'engorgement : les arrivées d'Afghans ne cessent de croître et de plus en de jeunes restent en France, notamment parce qu'ils ne parviennent plus à traverser la Manche.

"Depuis plusieurs années, nous réclamons un pilotage régional et partenarial (Etat et collectivités) du dispositif", relève Pierre Henri, directeur général de l'association. Myrima El Khomri, adjointe au maire de Paris chargée de la protection de l'enfance renchérit : "L'Etat reste compétent en matière d'urgence sociale et de politique migratoire, et Paris, malgré les efforts entrepris, ne peut résoudre seul ce problème".

Face à ces inquiétudes, M. Besson s'est engagé, jeudi, à pérenniser l'intervention financière de l'Etat dans le dispositif parisien au-delà de 2009. Il a annoncé la création d'un groupe de travail pour améliorer la protection de ces mineurs. Les conclusions sont attendues au plus tard en juillet.

Laëtitia Van Eeckhout